On ne sait pas quand le ban d’IPPLING a été constitué. C’était vraisemblablement à l’époque des carolingiens. Les archéologues ont localisé une présence humaine datant de l’époque médiévale au Sud-Est du village actuel. Pour l’exploitation de ses terres, le propriétaire du ban a construit une ferme qui est le point de départ du village ; il s’agit de la ferme seigneuriale située dans l’actuelle rue de Rouhling.
En 1552 la famille VON KERPEN, installée à ILLINGEN (Sarre) puis plus tard à COBLENCE, achète la ferme seigneuriale d’IPPLING et les terres qui en dépendent. Le baron VON KERPEN, qui possède aussi la haute justice sur le village, gère ce bien selon le droit du Saint Empire Romain Germanique.
Dans le dernier quart du XVIe siècle sévit une grande vague de procès en sorcellerie. En 1595, un habitant d’EBRING, condamné par la justice des VON KERPEN, est brûlé sur le bûcher à IPPLING.
La Guerre de Trente Ans, qui débute en 1618, fut terrible pour notre région. En 1631, les troupes du roi de Suède ravagent la Lorraine ; c’est pourquoi nos anciens appelaient ce conflit le « Schwedenkrieg ». Les Ipplingeois se cachent dans la forêt, ou s’exilent, ou se font tuer. Il faut attendre le traité de Vincennes (1662) pour que la région connaisse un premier répit.
Vers 1700, Ippling n’est plus composée que de trois maisons qui abritent les rescapés de la guerre. Quelques autres survivants rentreront dans les années qui suivent.
Les autorités autorisent des immigrants à s’installer dans la région et à s’emparer des terres inoccupées. Il s’agit essentiellement de catholiques venus du Vorarlberg ; certains sont aussi originaires du Tyrol, de Souabe ou de Bavière. En 1721 les ruines des maisons non récupérées par leurs anciens propriétaires sont cédées à qui les occupe, c’est-à-dire les immigrés.
Une chapelle en bois est construite à l’automne 1719 au Sud de la ferme seigneuriale. Elle est dédiée à « la présentation de la Sainte Vierge ». Sur le plan religieux, IPPLING était, jusqu’en 1864, une annexe de la paroisse de WELFERDING (qui elle-même relevait de l’abbaye bénédictine de Tholey, en Sarre, jusqu’en 1792).
Parce que Johann Ferdinand VON KERPEN augmente considérablement les corvées (impôt payé en nature) dues par ses sujets, les habitants d’IPPLING se rebellent. Le haut-maire du village est emprisonné dans la porcherie de la ferme seigneuriale, mais les villageois le libèrent par la force. Il s’en suit un procès qui va durer de 1722 à 1742. Pour payer d’une part les frais de justice à Coblence (première instance) et Wetzlar (appel) et d’autre part les honoraires de son avocat, le village doit vendre une part importante de sa forêt, pourtant essentielle pour la construction et le chauffage. Finalement le seigneur est débouté de sa plainte. De plus, le baron VON KERPEN doit reconnaître le duc de Lorraine comme son suzerain pour les villages d’IPPLING et EBRING. A partir de 1742 IPPLING relève du duché de Lorraine et non plus du Saint Empire Romain Germanique.
En février 1739 IPPLING compte 251 habitants répartis en 51 familles. On note la présence d’un maître d’école pour les garçons dès cette époque.
En 1769 le village accueille son premier prêtre catholique résident. La même année est inauguré le cimetière à côté de l’église ; jusque là les morts étaient enterrés à WELFERDING.
Sous la Révolution française, IPPLING devient une commune du canton de SARREGUEMINES.
Aux XVIIIe et XIXe siècles IPPLING comprend trois quartiers :
• le « Oberdorf », autour de la ferme,
• le « Unterdorf » ou « Dorf », situé entre le « Oberdorf » et le Strichbach,
• le « Waldland », sur la rive droite du Strichbach.
De l’automne 1831 à l’été 1832 la commune construit l’église dédiée à Notre-Dame de la Visitation (à la place de la chapelle en bois de 1719). Pour financer les travaux, l’essentiel du bois de la forêt est vendu. En 1863 la nef de l’église est agrandie d’une travée et en 1869 on construit la sacristie et la tribune.
Dans un rapport au gouvernement en 1832, la sous-préfecture de SARREGUEMINES décrit ainsi IPPLING : « Village de l’ancienne Lorraine, est situé ainsi que HUNDLING dans le Steinharth. Cette commune a une église vicariale, qu’elle vient de faire reconstruire, un presbytère, une maison d’école et une maison des pâtres. Elle possède aussi 20 hectares de terres, 1 hectare et 12 ares de prés, 33 ares de pâtis et 102 hectares 66 ares de forêts. Sa population était de 430 individus en 1831 ».
Tant que les revenus provenaient de la culture de la terre, les habitants d’IPPLING étaient vraiment pauvres. Certes, certains tissaient à domicile pour les soieries ou industries du textile de SARREGUEMINES ; mais là encore les revenus étaient maigres.
Vers 1830 Antoine-Frédéric GANGLOFF, co-propriétaire des mines de SCHOENECK, convertit le moulin sur le Strichbach en une fabrique de « clous à la mécanique » qui prend très vite une dimension industrielle. L’entreprise arrête ses activités en 1870.
Dans le dernier quart du XIXe siècle, la tuilerie de Jean REINERT, située dans l’actuelle rue de la Carrière, sera un établissement dont l’importance n’est pas négligeable.
Finalement, c’est l’arrêt sur la ligne de chemin de fer SARREGUEMINES-BENING qui permet aux Ipplingeois d’aller travailler hors du village et donc d’enrichir celui-ci de ressources extérieures. Pendant près d’un siècle les trois plus grands employeurs de la région sont le chemin de fer, les mines de charbon et la faïencerie de Sarreguemines.
Allemand de 1870 à 1918 puis de 1940 à 1944, le village a payé son tribut à la politique. Vers 1885 de nombreux jeunes sont partis, essentiellement en Amérique, faisant chuter la population à 436 habitants en 1910. De nombreux jeunes Ipplingeois sont morts au cours des deux guerres mondiales. La localité a été bombardée en 1942 et en 1944.
De 1939 à 1940 les habitants ont été évacués : les ouvriers des mines de charbon ont été déplacés dans le Nord, les autres villageois se sont retrouvés en Charente.
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, on va construire de nouveaux bâtiments pour les écoles, introduire l’assainissement et l’eau courante et créer des lotissements qui permettent l’extension des zones habitées. IPPLING compte 700 habitants en 1999.
Cet historique nous a été gracieusement composé par M. Denis BOUR.